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26 août 2015 3 26 /08 /août /2015 00:04

Comment j'ai perdu ma femme à cause du Taï-Shi, Hugues Serraf

Le titre incongru à rallonge de ce livre fait penser à cette histoire de fakir et d'armoire Ikea qui a eu un bon succès la saison passée: Hugues Serraf lui aussi, utilise ce procédé pour attirer l'attention des potentiels lecteurs errant désespérément dans les librairies sur son premier roman, qui s'annonce plutôt léger et comique. C'est un petit livre, qu'on lit très vite, d'une traite, non sans plaisir. Pourtant, je ne pense pas qu'il ait une véritable ambition littéraire.

Le héros est en prison, accusé du meurtre de sa femme: l'a-t-il commis? La disparition de celle-ci, le sang qu'elle a laissé sur un sabre à leur domicile, et leurs relations distendues qu'il avait du mal à acceptersembleraient l'indiquer. La résolution de cette énigme donne une tension narrative efficace à l'intrigue. Notre suspect se retrouve dans une cellule en compagnie d'un homme assez étrange, et l'auteur sait décrire de façon cocasse l'univers carcéral. Son atrocité ici devient plutôt le support d'un comique absurde.

J'ai apprécié au tout début du livre de nombreuses ruptures inattendues, des phrases qui surprennent de façon très efficace et plaisante, mais ensuite on ne les trouve plus, comme si le livre n'était pas stylistiquement tout à fait abouti. Je n'ai pas aimé le relâchement du vocabulaire qui peut sembler parfois racoleur. Il y a pourtant beaucoup de détails drôles, comme celui qui est "parti faire de la fumigation anti-moustique au Honduras" ou cette phrase prononcée par le héros à son retour en cellule quand il retrouve son compagnon : "Coloc un jour, coloc toujours." Des petites fantaisies qui sont peut-être bêtes, mais qui font sourire.

Ce roman sans prétention a tout de même le mérite de receler un niveau un peu plus profond que ces blagues, car mine de rien, c'est un livre sur la décomposition du couple, le mystère des intentions de l'autre, qui devient tout à coup impénétrable quand il ne vous aime plus. Luz, sa femme, est devenue une étrangère, et le hérosne comprend pas pourquoi.

Finalement, c'est une histoire plutôt triste, mais qui fait rire. Pas si courant, et pas si mal!

(NB: J'ai un peu de mal à écrire cet article après avoir évoqué le livre sublime de Christophe Manon, car ça n'a vraiment rien à voir...)

Ce livre a été lu dans le cadre des "68 premières fois", challenge coordonné par Charlotte Milandri, et vous retrouverez d'autres critiques sur les blogs suivants:

Pativore: https://pativore.wordpress.com/2015/08/20/comment-jai-perdu-ma-femme-a-cause-du-tai-chi-de-hugues-serraf/

Eimelle: http://lecture-spectacle.blogspot.fr/2015/08/comment-jai-perdu-ma-femme-cause-du-tai.html

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  • : Effleurer une ombre
  • : Je suis conne comme la lune sans soucis, comme la lune béate qui luit à l'automne, et offre le sourire de sa face blême aux moutons rêveurs, aux filles endormies. Je suis pomme, en somme, et de ce mauvais fruit, sais-tu? La gloire des campagnes monotones (Par qui Dieu sur Eve jeta l'anathème jadis) pleine d'asticots et toute pourrie. Je suis vache mystique des champs nivernais, mâchouillant ma vie végétale dans la paix. Le temps passe, je rumine, bovine herboriste.
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