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5 septembre 2015 6 05 /09 /septembre /2015 14:26
Fantaisies bourgeoises: "Les Amygdales" de Gérard Lefort

Le livre de Gérard Lefort "Les Amygdales" n'évite pas les écueils des livres autobiographiques ordinaires: recherche du pittoresque, enfilade d'anecdotes, mise en scène narcissique de soi. Pauvre petit garçon riche que ce narrateur! Cette sorte d'anti-Eddy Bellegueule est persuadé d'être considéré comme le vilain petit canard de la famille.

Ce récit n'est pourtant pas dépourvu de qualités: les phrases ont un joli rythme sautillant et jouent sur un registre espiègle. Il est facile à lire, il y a une recherche de simplicité dans le choix des petites scènes racontées dans chaque chapitre, quasiment isolable des autres, puisque chacun est consacré à un souvenir assez précis: les amygdales, la fracture du crâne, les vacances, l'école, la tournée du vétérinaire, etc... Mais le phrasé, le regard distancié du narrateur sur sa vie n'est pas simpliste. Les extravagances de "la maman" gentiment fofolle, ses caprices sont croqués sur le vif. Gérard Lefort pose un regard amusé et ironique sur cette enfance favorisée, même si son narrateur semble vouloir se faire plaindre d'être né dans une famille trop riche. (Ahlala, venir à l'école dans cette trop grosse voiture ridicule, quelle souffrance pour un enfant... Ou encore: cette villa magnifique en bord de mer, comme elle sent le moisi, c'est insupportable... vous voyez le genre...) Heureusement, il reste volontairement léger, assez tendrement moqueur, ces histoires sont donc agréables, je suppose, pour ceux qui recherchent une forme de lecture divertissante et pas très révolutionnaire.

Moi, je l'avoue, j'ai eu un peu de mal à finir ce livre, me disant que Pagnol avait fait bien mieux dans le genre "récit d'enfance pittoresque", même si sociologiquement, c'est peut-être intéressant de voir comment être un grand bourgeois à la campagne peut créer une forme d'originalité anticonformiste, comme en dehors du siècle -la maman ressemble un peu aux dames de la comtesse de Ségur: ce ne sont plus les malheurs de Sophie, mais les malheurs de Gérard...

(Ce livre a été lu dans le cadre des "68 premières fois", challenge littéraire organisé par Charlotte l'insatiable)

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Présentation

  • : Effleurer une ombre
  • : Je suis conne comme la lune sans soucis, comme la lune béate qui luit à l'automne, et offre le sourire de sa face blême aux moutons rêveurs, aux filles endormies. Je suis pomme, en somme, et de ce mauvais fruit, sais-tu? La gloire des campagnes monotones (Par qui Dieu sur Eve jeta l'anathème jadis) pleine d'asticots et toute pourrie. Je suis vache mystique des champs nivernais, mâchouillant ma vie végétale dans la paix. Le temps passe, je rumine, bovine herboriste.
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